L’ONG Oxfam a dénoncé, ce lundi dans son rapport annuel, l’inégale répartition des richesses dans le monde et les disparités de ressources vertigineuses entre milliardaires et pauvres. Selon les chiffres de l’organisation, 26 milliardaires concentrent entre leurs mains autant d’argent que plus de la moitié de l’humanité (3,8 milliards d’individus). En cause : l’exploitation sans limite du modèle libéral, et les solutions d’évitements fiscal mis en place par les ultrariches pour contourner l’impôt.
Ce n’est plus un fossé mais bel et bien un gouffre. Les disparités de ressources entre milliardaires et pauvres ainsi que la concentration de la richesse mondiale aux mains d’une minorité d’ultrariches s’est encore accentuée en 2018, fait savoir, dans un rapport publié ce lundi 21 janvier, l’ONG Oxfam. L’organisation explique que 26 milliardaires détiennent désormais entre leurs mains autant d’argent que les 3,8 milliards de personnes les plus pauvres de la planète. Ces chiffres étourdissants se fondent sur les données publiées par la revue Forbes et la banque Crédit suisse.
L’ONG prend pour exemple la fortune de l’homme le plus riche du monde, Jeff Bezos, le patron d’Amazon. Elle atteignait 112 milliards de dollars l’an dernier. Illustration de ces inégalités criantes entre ultrariches et pauvres, « le budget de santé de l’Ethiopie correspond à 1% de sa fortune ». Selon le rapport, ces inégalités relève d’un choix politique : le modèle néolibéral, responsable de la crise financière de 2008, qui aurait dû être remis en cause à l’aune de ce séisme qui a presque mis l’économie mondiale à terre, demeure pourtant la référence pour l’élite politique et économique. Or, même le FMI admet désormais qu’il creuse les inégalités et que le fameux « effet de ruissellement » ne fonctionne pas. Si les gouvernements ont aidé à créer ce fossé, ils peuvent toutefois le résorber souligne l’ONG.
7 600 milliards de dollars cachés au fisc
Comment ? Oxfam appelle les gouvernements mondiaux à « s’assurer que les entreprises et les plus riches paient leur part d’impôts ». Le constat est simple : les inégalités sont hors de contrôle, affirme Oxfam. Pour cause, alors que le nombre de milliardaires a doublé depuis la crise financière de 2008, « les riches bénéficient non seulement d’une fortune en pleine expansion, mais aussi des niveaux d’imposition les moins élevés depuis des décennies », pointe l’ONG. Donc « si la tendance était inversée, la plupart des gouvernements auraient suffisamment de ressources pour financer les services publics […] la richesse est tout particulièrement sous-taxée ».
Sur un dollar d’impôt sur le revenu, seulement quatre centimes proviennent de la taxation de la richesse, affirme Oxfam. Les gouvernements doivent ainsi faire en sorte que les plus nantis participent plus activement à la justice fiscale afin de mieux s’attaquer à la réduction de la pauvreté et financer les services publics.
L’ONG estime que les plus riches cachent 7 600 milliards de dollars, dans certains pays comme le Brésil ou le Royaume-Uni. En contrepartie « les 10% les plus pauvres paient désormais des impôts plus élevés en proportion de leurs revenus que les plus riches ». Ce rapport est publié à un moment où la taxation des plus grandes fortunes suscite de vifs débats dans plusieurs pays. En France, le mouvement des « Gilets jaunes » a relancé le débat sur la suppression de l’ISF par Emmanuel Macron. Ce qui a changé, c’est la colère et la frustration de la population. Si ces inégalités extrêmes persistent, et les gouvernements continuent le «business as usual», le sentiment de révolte grandira contre des politiques toxiques et clivantes », prévient Winnie Byanyima dans les colonnes de Libération.
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