L’Anses demande «aux pouvoirs publics de prendre toute mesure de nature à faire cesser l’exposition de la population aux UV artificiels» devant le risque de cancer avéré.
Faut-il interdire définitivement les cabines de bronzage ? Alors que la mesure est réclamée depuis 2015 par les dermatologues, par l’Académie de médecine et même par les sénateurs, le gouvernement s’est contenté jusqu’alors de durcir leur réglementation. Mais l’Agence nationale de sécurité sanitaire (l’Anses) revient aujourd’hui à la charge.
« On recommande l’arrêt de l’activité liée au bronzage artificiel, et aussi l’arrêt de la vente d’appareils délivrant des UV à visée esthétique notamment aux particuliers », explique Olivier Merckel, chef de l’unité d’évaluation des risques aux agents physiques à l’Agence, qui a suivi l’expertise.
Une réglementation «insuffisante au regard du risque de cancer»
Dans un précédent avis, en 2014, l’Anses recommandait déjà « la cessation à terme de tout usage commercial du bronzage par UV artificiels ». L’agence jugeait que la dernière réglementation en date (2013) « constituait une réponse partielle et insuffisante au regard du risque avéré de cancers cutanés pour les utilisateurs ».
« On ne peut plus attendre », souligne encore Olivier Merckel. « Les données scientifiques s’accumulent, il n’y a plus de doute, on a des preuves solides, le risque de cancer est avéré, on a des données chiffrées sur les risques pour les jeunes, pour toute la population, maintenant on recommande une action des pouvoirs publics ».
Le Centre international de recherche sur le cancer a déclaré « cancérogènes certains » les rayonnements artificiels depuis 2009. L’Anses relève « qu’aucune valeur limite d’irradiance ou de dose ne peut être fixée pour protéger les utilisateurs ».
Des moins de 18 ans qui pratiquent le bronzage artificiel
« Les personnes ayant eu recours au moins une fois aux cabines de bronzage avant l’âge de 35 ans augmentent de 59 % le risque de développer un mélanome cutané. En France, il a été estimé que 43 % des mélanomes chez les jeunes pouvaient être attribués à une utilisation de ces cabines avant l’âge de 30 ans », a souligné l’agence.
Alors que la réglementation interdit la pratique du bronzage en cabines aux mineurs, « les contrôles montrent qu’il y a encore une fraction non négligeable des moins de 18 ans qui le pratiquent », souligne encore Olivier Merckel.
Selon un calcul récent publié par l’Agence, en France, en 2015, chez les adultes de plus de 30 ans, 10 340 cas de mélanomes pouvaient être attribués à l’exposition solaire et 382 cas de mélanomes à l’exposition aux appareils de bronzage (1,5 % des cas de mélanomes chez les hommes et 4,6 % chez les femmes).
« Aucun bénéfice » pour la peau
Outre le risque de cancer, les rayonnements artificiels non seulement « ne préparent pas la peau » au bronzage, « ne protègent pas des coups de soleil », « ne permettent pas un apport significatif de vitamine D » mais provoquent un vieillissement de la peau « quatre fois plus rapide avec les lampes de bronzage qu’avec le soleil ». « Les UV à fin esthétique ne présentent aucun bénéfice », martèle Olivier Merckel.
Selon le Syndicat national des professionnels du bronzage en cabine, « l’activité a été divisée par deux depuis 2009 et la polémique sur les risques des UV ». On compterait aujourd’hui 4.500 établissements en France dont 300 centres de bronzage spécialisés, les autres le proposant en activité secondaire.
Quelque 63 % des 982 cabines contrôlées en 2016 par la DGCCRF se sont révélées non conformes en raison de manquements à la sécurité ou de non-respect de la réglementation, qui interdit la publicité et les promotions. Certains appareils n’avaient fait l’objet d’aucun contrôle technique depuis 7 ans, ou étaient opérés par des personnels sans aucune formation ni aucun diplôme d’esthétique.
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