Situés à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, les bois de Bialowieza sont menacés par des larves rongeuses et l’appétit, tout aussi gros, des agroforestiers. L’avocat général de la CJUE prend position mardi dans ce dossier.
En novembre 2017 déjà, la Cour avait estimé que la Pologne devait cesser immédiatement les opérations de gestion forestière active dans cette forêt, sauf cas exceptionnel et strictement nécessaire pour assurer la sécurité publique. Cette fois, il s’agit de savoir si Varsovie a respecté cette décision.
Une forêt primaire
Bienvenue dans les bois mystérieux d’Hansel et Gretel.
Avec ses chênes moussus, ses loups et ses clairières fangeuses où pataugent les derniers bisons d’Europe, la forêt de Bialowieza ressemble à s’y méprendre aux décors sombres des contes racontés par les frères Grimm.
Formée lors de la dernière période glaciaire, il y a 10 000 ans, elle est la seule partie restante de l’immense forêt primaire qui recouvrait autrefois la majorité du territoire européen. Une survivante de 141 885 ha – environ 300 000 terrains de foot – qui s’étend du nord-est de la Pologne jusqu’à la Biélorussie.
« Cette superbe fenêtre sur le passé est aujourd’hui menacée », indique le professeur polonais Tomasz Wesolowski, ancien président de l’Union européenne des ornithologistes. Elle doit d’abord lutter contre une invasion de dendroctones de l’épicéa, ses larves qui pondent leurs œufs sous l’écorce des arbres jusqu’à les faire mourir. Mais aussi contre l’appétit des agroforestiers, relayé par le département des forêts d’État polonais.
Une intensification des coupes « serait un désastre », pour Tomasz Wesolowski. « Replanter changerait totalement les caractéristiques de cette forêt. Il faut la laisser se débrouiller seule, avec ses parasites. Il est aujourd’hui prouvé que l’abattage de sauvetage fait plus de mal que de bien. Il y a de la vie dans le bois mort », aime à dire ce Polonais, qui chérit « les insectes saproxyles », ces rongeurs dont se nourrissent les oiseaux de Bialowieza qu’il étudie depuis maintenant quarante ans, notamment l’incroyable diversité de pics.
L’Unesco pourrait retirer au site son statut de patrimoine mondial protégé.
L’ONU surveille cette forêt où les tsars russes aimaient chasser autour de « l’Empereur du Sud », un chêne multiséculaire qui est… toujours vivant.
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