Dans les townships de la ville du Cap, en Afrique du Sud, il n’est pas rare de voir des habitants de tous les âges avoir un trou Ă la place des dents de devant. Et ce n’est pas parce que leurs incisives sont en mauvaise santĂ©Â : c’est une affaire de mode et de tradition. Cette tendance, parfois appelĂ©e le « sourire des Cape Flats », du nom d’une banlieue du Cap, est spĂ©cifique Ă cette rĂ©gion et souvent perçu comme une forme de beautĂ©.
De la mère de famille Ă l’ado et sa grand-mère
En effet, beaucoup de ceux qui ont retiré leurs dents de devant l’ont fait pour se sentir plus séduisants. Et ce n’est pas une question de génération, ni de sexe, puisque des personnes âgées, des mères de famille, ou des jeunes garçons arborent ce sourire original avec fierté. Wedaad, par exemple, habite dans une maisonnette de Hanover Park. Elle s’est fait retirer ses incisives, parfaitement saines, alors qu’elle était au lycée, et elle ne regrette rien.
« Quand on est jeunes, poursuit-elle, on le fait aussi parce que tous nos amis le font, et on ne veut pas se sentir rejetés. » Contrairement à Weedad, beaucoup se dotent ensuite d’un dentier amovible, pour pouvoir choisir quand exhiber leur « sourire des Cape Flats » ou non. Une variante consiste à remplacer ces dents manquantes par des prothèses en or ou en argent. C’est une pratique courante, notamment, parmi les membres de la communauté « coloured », la population métisse du pays, dont fait partie Weedad.
Jacqui Friedling, enseignante à l’université du Cap, est l’une des très rares scientifiques à avoir étudié le sujet, et a tenté de retrouver l’origine de ce phénomène : « Historiquement, explique-t-elle, des formes de retraits dentaires étaient aussi pratiqués dans d’autres endroits d’Afrique, afin d’identifier les membres de son ethnie. Ici, au Cap, on pense que la pratique est arrivée par les esclaves déportés au sein de la colonie. »
Source : francetvinfo.fr
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