Comment la candidate FN a-t-elle dépensé son argent ? Nous avons consulté ses comptes : petites largesses entre amis, masse salariale exorbitante… une campagne pas si loin du «système».
Ses comptes ont été validés, mais sérieusement rectifiés. La commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) a retoqué un montant de 873 576 € à la candidate Marine Le Pen pour la présidentielle de 2017 : ce sera pour sa poche. La plus grosse rectification parmi tous les candidats en lice pour la magistrature suprême. La faute pour l’essentiel aux intérêts très – trop – élevés adossés aux prêts contractés auprès du FN et de Cotelec, le microparti de Jean-Marie Le Pen.
Et aussi des interrogations des experts de la commission. Comme l’utilité électorale d’un déplacement de la candidate au Tchad pour 128 950 €, avec affrètement de deux jets privés, un Falcon 900 et un Gulfstream. Ou encore sur des facturations apparaissant « particulièrement élevées et surévaluées au regard des prix constatés sur le marché pour des prestations similaires », comme le souligne la procédure.
Citant par exemple une facture de l’imprimeur Presses de France – dirigée par Axel Loustau, un ami de Marine Le Pen et ex du GUD (un syndicat étudiant d’extrême droite) – de 154 680 € hors taxe pour l’impression de 4 millions de tracts (« L’heure du choix »), dont le prix est estimé à 38 € les mille exemplaires et « semble excéder les prix moyens du marché de trois fois ».
Plus pittoresque, cette dépense de 1 440 € pour créer 150 logos aussi ciblés que « les écaillers avec Marine », mais aussi les Berrichons, les agents des IED, les sourds, les gaullistes ou encore les runneurs et les taxis, tous avec Marine !
Plus de 50 000 € pour la rose bleue
« L’agence de communication qui l’a imaginé, c’est Marine Le Pen ! », jurait en novembre 2016 Bruno Bilde, un proche de la candidate, au moment de la présentation du logo de campagne : une rose bleue, mais sans épines. A l’époque, Marine Le Pen se targuait effectivement d’avoir été inspirée par l’une de ses « amies collaboratrices », qui, quelques mois plus tôt, lui avait offert « un bouquet de roses éternelles bleu marine ». « Je m’étais dit alors que ça ferait un magnifique logo », narrait-elle devant la presse.
La réalité est plus prosaïque. En juin 2016, le FN mandate une société de communication basée à Andelfingen, près de Zurich en Suisse, nommée Goal, et avec pour slogan « Wir wollen irhen erfolg « (« Nous voulons votre succès »). Plusieurs propositions de logos sont faites : dont la pivoine, qui représente l’honneur, le bien-être, mais aussi la pudeur… et la honte. « Il y a eu aussi la rose rouge, mais ça faisait trop socialiste. Alors l’agence s’est orientée vers le bleu », note un proche.
Coût de cette étude : 50 000 € facturés sur les comptes de campagne… mais sans logo au final pour Marine Le Pen. La raison ? Une question de « propriété intellectuelle » qui « interdisait de détourner l’idée de la rose bleue fournie par cette société sans son consentement », explique son équipe dans les observations remises à la commission des comptes.
Marine Le Pen sollicitera alors une graphiste indépendante au statut d’autoentrepreneur, Angela Tedesco, pour reprendre la création graphique de ce logo, ainsi que des prestations de conseil technique, artistique et graphique pour la réalisation de supports ou de visuels de campagne. Pour un coût bien inférieur à la première agence allemande, à savoir un montant forfaitaire de 2 480 € par mois entre juillet 2016 et mai 2017 pour Angela Tedesco.
Près de 79 000 € de taxis
Une campagne menée sur les chapeaux de roues… Le Front national n’a pas lésiné sur les frais de déplacements en voiture avec chauffeur ![…]Le tout, quasi uniquement pour des déplacements à l’intérieur de Paris. […] Méticuleux, le FN a également pris le soin d’intégrer à ses comptes de campagne – comme certains autres candidats – ses contraventions.
Plus de 2,4 millions d’euros de salaires
Marine Le Pen sait être généreuse avec ses collaborateurs ! A la lecture des comptes de campagne, ce sont des sommes mirobolantes qui ont été versées sous forme de salaires… remboursées en grande partie par l’Etat : plus de 2,4 millions d’euros, soit 20 % des dépenses globales de sa campagne. Loin, très loin devant les autres candidats.
«L’idée, c’était d’en salarier le plus possible, puisque c’était remboursé»
D’autres ont été encore bien mieux lotis : comme Jean-Lin Lacapelle, responsable de la mobilisation militante, rémunéré 7950 €. La palme revenant à l’énarque et haut fonctionnaire Jean Messiha, payé 12 700 € nets !
Via Le Parisien
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