Juriste et enquêtrice criminelle internationale, la Française Céline Bardet parcourt inlassablement le monde pour obtenir justice pour les victimes de viol de guerre. Avec son ONG We are not Weapons of War (WWoW), elle apporte aussi des solutions concrètes, et technologiques, pour répondre aux besoins spécifiques des survivant·e·s.
Vous dites que le viol de guerre est le crime parfait. Qu’entendez-vous par là ?
Céline Bardet : Il faut avant tout bien savoir de quoi on parle. Par « viol de guerre », je parle des violences sexuelles qui se déroulent uniquement dans des contextes de conflit armé ou de crise. C’est le crime parfait d’abord parce qu’il ne coûte pas cher. Ensuite parce qu’il est très peu poursuivi. À choisir entre utiliser une Kalachnikov, exécuter des gens ou violer, on sait aujourd’hui qu’on a moins de risque d’être poursuivi si on viole… C’est aussi un crime qui n’atteint pas seulement la victime, mais toute la société. Une arme à déflagrations multiples !
Le viol emprisonne sa victime dans un silence, pas le sien mais celui que lui impose la société. Le viol de guerre devient ainsi un crime indicible, peu identifiable immédiatement dans un conflit. Il faut donc prendre le temps et poser les bonnes questions aux victimes. Dans les conflits, le viol n’est pas la première chose exprimée, même si les choses évoluent maintenant.
Le viol est donc une arme de guerre ?
Le viol a toujours été utilisé dans les conflits. Mais il y a eu une évolution : dans l’histoire, on est passé du viol comme butin de guerre au viol utilisé comme outil de guerre. C’est devenu endémique et quasi systématique depuis les années 1990, avec les conflits en Bosnie et au Rwanda. La guerre en Bosnie s’est accompagnée de la mise en place de camps de viol (1). On en a fait une arme de nettoyage ethnique. Au Rwanda, le viol a été jugé constitutif du crime de génocide. Et, jusqu’à aujourd’hui, le viol comme outil de guerre est utilisé dans quasiment tous les conflits, à l’exception du conflit israélo-palestinien. C’est l’arme du XXIe siècle.
L’article dans son intégralité sur Politis via fdesouche
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