Au deuxième trimestre, l’indice a fait un bond de 1,25 %, sur un an. La hausse est même de 2,5 % dans l’agglomération parisienne.
Une bonne nouvelle pour les bailleurs privés, moins bonne pour leurs locataires : après cinq ans d’accalmie, les loyers repartent à la hausse. L’indice de révision accélère, en effet, faisant un bond de 1,25 %, sur un an, au deuxième trimestre 2018, contre 1,05 % au premier trimestre, selon l’avis publié par l’Insee le 12 juillet. La reprise de l’inflation et de l’activité explique ce rebond, qui va donc affecter tous les loyers du parc privé devant être réactualisés, mais pas ceux du parc public, gelés en 2018.
Plus inquiétant est le constat dressé, le 17 juillet, par l’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne (OLAP) qui, dans un communiqué fort discret, annonce une hausse d’en moyenne 2,5 % des loyers du privé à l’occasion d’une relocation, soit entre deux locataires. Paris est concerné (+2,1 %), mais aussi sa petite couronne (+3 %) et sa grande couronne (+2,2 %). « C’est une nette inversion de tendance, remarque Geneviève Prandi, directrice de l’OLAP, car, jusqu’à 2017, les nouvelles locations se concluaient à des prix en baisse par rapport à l’ancien loyer. »
A Paris, le loyer moyen, pour un appartement vide, s’établit désormais à 24,70 euros le mètre carré mensuel, mais beaucoup plus pour les petites surfaces et les meublés qui constituent, à eux seuls, un quart du marché : « Ces chiffres sont étonnants car, compte tenu de l’actuelle réglementation, les loyers ne doivent théoriquement pas évoluer plus que l’indice, sauf en cas de travaux », rappelle Géraud Delvolvé, délégué général de l’Union des syndicats de l’immobilier (UNIS), qui représente les gestionnaires.
Et la poussée des loyers n’en est qu’à ses débuts, comme en témoigne l’enquête menée par l’association Consommation logement cadre de vie (CLCV) : sur mille annonces de location parisiennes, auscultées en mai 2018, plus de 518 proposent des loyers supérieurs aux valeurs limites fixée par l’encadrement des loyers, contre 290 en 2017. Le dépassement moyen est de 128 euros par mois, soit 1 536 euros l’an à sortir, en plus, pour les locataires.
Le plafonnement des loyers n’existe plus à Paris ni à Lille depuis son annulation par des tribunaux administratifs en octobre et novembre 2017, confirmée par la cour d’appel le 26 juin en ce qui concerne Paris, le 10 juillet pour Lille. L’encadrement n’aura, à Paris, duré que 26 mois, du 1er août 2015 au 27 novembre 2017, et 9 mois à Lille, du 1er février au 17 octobre 2017. « A peine l’annulation prononcée, bailleurs et professionnels se sont senti pousser des ailes, constate Jean-Yves Mano, président de la CLCV, et nous demandons que cet encadrement soit rétabli, car il permet une vraie maîtrise des loyers. »
La future loi Evolution du logement, de l’aménagement et du numérique (Elan) prévoit que les intercommunalités puissent rétablir un tel plafonnement : « Mais cela laisse les locataires à la merci de la volonté politique d’élus locaux, précise M. Mano, et la loi ne l’autorise que dans les zones tendues où il n’existe que “des perspectives limitées de production pluriannuelle de logements”… Autrement dit, les villes volontaristes comme Lille ou Grenoble ne pourront pas le mettre en place. »
Une autre inquiétude de l’OLAP est de voir se rétrécir d’année en année le parc locatif loué vide à l’année : « A Paris, nous perdons chaque année quelques milliers de logements, confie Mme Prandi, sans doute en raison des locations saisonnières de courte durée de type Airbnb. En petite couronne, la perte est limitée, mais seule la grande couronne a gagné des logements locatifs, 10 000, en quinze ans. »
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