James Dempsey s’est éteint le 27 février 2014. Cet étasunien, vétéran de la Seconde Guerre mondiale côté allié, est mort à 89 ans dans une maison de retraite d’Atlanta en Géorgie.
Ordinaire ? Pas tout à fait. En dépit de son âge avancé, sa famille se doutait qu’il y avait anguille sous roche et que leur doyen n’était pas mort que de vieillesse. Les enfants de M. Dempsey ont demandé l’ouverture d’une enquête. Ils ont pu accéder à un enregistrement vidéo pris par la caméra de surveillance de sa chambre la nuit de sa mort. Et ce qu’ils y ont vu est pour le moins choquant.
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(à partir de 1:48)
Cette nuit, James Dempsey sent sa respiration se bloquer. Il demande de l’aide. Il sonne, appelle de vive voix. En suivant la vidéo on peut l’entendre crier au moins six fois, aussi fort qu’il peut, help me! can’t breathe! (« aidez-moi, je n’arrive plus à respirer ! »). Il est 4h35 du matin. Son appel résonne puisque, tout à fait lucide et conscient, il a consciencieusement pressé la sonnette.
Las : c’est seulement à 4h42 qu’une infirmière arrive. James Dempsey halète, bat du pied, tente de reprendre son souffle tout seul autant qu’il peut. L’infirmière vient près de lui et… repositionne légèrement son appareil respiratoire, le dossier de son lit, puis s’en va. Il est 4h44. Aucune aide respiratoire, aucun contrôle des signes vitaux. Aucune parole prononcée non plus. L’infirmière semble mentalement absente. Elle ne semble avoir d’intérêt pour ce qu’elle fait qu’à la toute fin, lorsqu’elle désactive l’appel.
À 5h03, James Dempsey tente d’appeler, de nouveau. Ses gestes sont plus faibles. Il ne parvient pas à atteindre la sonnette. C’est tout juste si on l’entend haleter. Son souffle est couvert par le bruit de la télévision, à côté, dans la pièce de l’infirmière de la garde.
À 5h28, une autre infirmière se rend compte qu’il est inconscient.
À 6h23, deux autres membres du personnel soignant arrivent. L’un, Wanda Nuckles, est l’infirmière en chef. James Dempsey est immobile dans son lit. Il ne répond plus.
À 6h25, les infirmières appellent les services d’urgence (le fameux 911 des séries américaines). Elles discutent au-dessus du vieil homme, échangent des plaisanteries, des cancanages. L’une d’elles a des difficultés avec sa bouteille d’oxygène. Cela ne semble guère les déranger : elles continuent à discuter, plaisanter, comme si de rien n’était. À 6h30, on entend nettement l’une d’elles rigoler.
À 6h36, l’infirmière-chef commence (enfin ?!) une tentative de réanimation cardiorespiratoire. Elle passe dix secondes peut-être au-dessus du patient, fait tout juste quelques pressions, six exactement, puis s’arrête. Et… rien.
Quelques minutes encore et James Dempsey passe de l’autre côté.
Ellaine Harris, ancienne infirmière et professeur retraitée en école de sciences infirmières, a dit en voyant la vidéo qu’« en 43 ans d’infirmerie, [elle] n’avai[t] jamais vu une telle indifférence envers la vie humaine de la part de professionnels de la santé ». Selon elle, les infirmières présentes n’ont pas évalué l’état de leur patient, n’y ont pas répondu, et n’ont pas agi.
Est-ce un hasard si toutes les infirmières impliquées sont noires ?
Autant la complicité entre elles est évidente, autant elles sont loin de se soucier de leur patient. Si James Dempsey avait été noir, elles l’auraient inclus dans leur cercle et se seraient probablement occupées de lui avec l’attention qu’il fallait. Elles auraient certainement été (beaucoup) plus investies émotionnellement, plus motivées à lui venir en aide. Qui sait combien d’années ce monsieur aurait encore pu vivre ?
Mais non : James Dempsey n’était qu’un « mâle blanc » privilégié. Pas de quoi fouetter un chat. Ni vérifier que son cœur bat, et encore moins s’efforcer de le maintenir en vie, comme le demande pourtant la procédure.
L’insouciance, l’absence totale d’implication transpirent à chaque instant. Tout professionnel de la santé peut voir nettement que ni procédure, ni déontologie ne sont respectées. Comme le remarque Ellaine Harris, les infirmières auraient dû prendre le pouls, commencer un massage ou une réoxygénation dès le départ, et ainsi de suite. Mais, au-delà même de l’incompétence, c’est le non-souci de la vie du patient qui frappe le plus.
Peu importe quand il s’agit d’un « mâle blanc », n’est-ce pas ?
Il faudra attendre novembre 2015 pour que l’enregistrement vidéo sorte. Ce mois-ci, l’infirmière-chef Amanda Nuckles passe devant une cour de justice. Elle témoigne que, dès son arrivée dans la chambre, elle aurait entamé une réanimation cardiorespiratoire. À l’entendre, on s’activait beaucoup pour sauver James Dempsey ! Cependant l’enregistrement montre une toute autre histoire. L’avocat des parties civiles le diffuse, demande à l’infirmière si son témoignage est cohérent avec ce que les images révèlent. Nuckles se rétracte, reconnaît qu’elle n’a pas fait la réanimation aussi rapidement qu’elle aurait dû, qu’elle s’est arrêtée presque tout de suite – en violation, encore une fois, de la procédure, qui veut que l’on tente de sauver la vie du patient jusqu’au bout – mais ajoute qu’elle ne se souvient pas et qu’elle a même « plutôt bien travaillé » étant donné le peu d’informations à sa disposition.
En d’autres termes : comme disent ceux que nous avons en France, moi ji rioun fé !
Les avocats de la maison de retraite ont tenté d’empêcher la diffusion de la vidéo. Ils ont demandé au juge de garder l’enregistrement sous scellé et tenté d’en appeler à la Cour Suprême de l’État de Géorgie. Le juge, cependant, a accordé la vidéo à la famille, qui a ainsi pu la partager.
Une trajectoire, remarquons-le, étrangement proche de celle de la vidéo de l’agression du jeune bobo dans un noctambus parisien en 2008, à ceci près que de notre côté de l’Antlantique le consortium Youtube-médias-gouvernement avait tout tenté pour étouffer l’affaire, puis diaboliser le courageux policier qui l’avait portée à la connaissance du public.
Travailler pendant des décennies pour passer ses dernières années dans un mouroir, totalement dépendant d’infirmières afro, est-ce une fin digne ? Si ces infirmières, placées là au nom de la discrimination positive (antiblanche), traitent ainsi un « mâle blanc » à l’article de la mort, comment se comportent-elles dans la vie de tous les jours ?
En cherchant un peu, on pourrait trouver des exemples similaires avec « nos » antillaises, « nos » blackettes, qui peuplent les centres de santé de l’Hexagone.
Un seul remède à cela : le communautarisme blanc. Dans un foyer multi-générationnel, les anciens vivent avec leurs enfants adultes, avec des gens de leur sang qui le jour venu se soucieront réellement d’eux.
Des services sans âme, des mouroirs, des centres organisés selon la bureaucratie et le règne de la quantité, sont devenus des sources de rentes pour des employés sans âme. Au détriment des Blancs qui s’y trouvent confinés en attendant leur disparition.
Les infirmières de l’affaire James Dempsey ont renoncé à leur autorisation d’exercer en novembre 2017, soit trois ans après ce que l’infirmière-chef a appelé une « erreur honnête ».
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