Regards mal placés, sous-entendus racistes… Deux ingénieurs de 27 ans, d’origine maghrébine, expliquent comment l’expérience du racisme au quotidien les a convaincus de quitter la France.
A travers le combiné téléphonique, on entend un bébé qui pleure. Avec sa femme et son enfant, Redouane, 27 ans, déballe ses cartons à Madrid, où il vient de s’installer. Une décision radicale, mais mûrement réfléchie, qu’il a expliquée sur Twitter dans un long thread partagé par 1 700 personnes. Combien sont-ils dans son cas ? Difficile de le savoir, mais Redouane dit avoir reçu de très nombreuses réponses. Parmi elles, celle de Karim, lui aussi âgé de 27 ans, qui aurait pu écrire le thread tant il s’est « reconnu dans les propos de Redouane« . En 2013, dernière année pour laquelle les données sont disponibles, 198 000 personnes nées en France ont quitté le territoire. Un chiffre en augmentation de 25% par rapport au précédent décompte, en 2011. Mais impossible de connaître la part de jeunes issus de l’immigration.
Redouane et Karim sont tous les deux ingénieurs. Ils gagnent bien leur vie. Mais les discriminations, l’impression de ne pas être à leur place, ont fini par avoir raison de leur volonté de rester en France. Comment ce malaise a-t-il débuté avant de s’installer au point de tout quitter ? A 14 ans, quand Redouane explique qu’il était suivi « rayon après rayon » par les vigiles à la librairie ?
Les deux ingénieurs font le lien entre une forme d’exclusion et un mouvement de repli communautaire. « J’ai commencé à traîner avec d’autres personnes. Est-ce que je serais devenu musulman si je n’avais pas rencontré ces difficultés ?, se demande Redouane, avant d’enchaîner. Honnêtement, je n’ai pas la réponse. Mais ce que je sais, c’est que mon parcours spirituel n’est pas venu de ma famille« . Même son de cloche chez Karim, pour qui, « si on montre qu’on est pratiquant, on est perçu comme potentiellement dangereux« . Pendant un entretien d’embauche à Londres, il demande à son interlocuteur s’il est possible de prévoir un endroit pour prier. «Il a rigolé, il ne comprenait pas que je lui pose la question ! J’ai dû lui expliquer qu’en France c’était très compliqué, voire impossible.»
Source : francetvinfo
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