Durant l’attaque terroriste djihadiste à Nairobi, mardi, qui a fait 21 morts, l’agence de presse Reuters avait réussi à joindre un Suisse qui était sur place. Quelques instants au téléphone, avec les «bruits des coups de feu en arrière-fond». «La porte principale de l’hôtel a été soufflée. Il y avait un bras humain dans la rue, coupé à l’épaule», avait témoigné Serge Medic.
La Matin a joint ce Lausannois Ă©tabli au Kenya depuis 2010 pour recueillir son tĂ©moignage. (…) Il Ă©tait l’un des premiers sur place. Il s’est fait tirer dessus par les terroristes. Et son courage a permis de libĂ©rer des dizaines de civils. Voici son rĂ©cit.
«J’ai d’abord cru à un accident de la circulation»
Il était 15 h 40, mardi. Patron d’une société active dans la sécurité, Serge Medic rentre alors chez lui, en taxi, lorsque son véhicule croise des personnes transportant des blessés. «Nous étions à 200 mètres environ de l’hôtel qui a été attaqué. Mais je ne le savais pas encore. J’ai d’abord cru à un accident de la circulation et je voulais juste tenter d’aider.»
De par sa profession et son réseau, le Lausannois reçoit rapidement des messages sur son smartphone. «Il se passe quelque chose à Riverside», lit-il, du nom du parc tout proche de l’hôtel. «J’y vais, je suis à proximité», répond-il.
«J’espĂ©rais qu’il s’agissait d’un braquage»
Serge Medic sort du taxi puis se met à courir. Il tombe ensuite sur trois voitures en flamme. Ainsi que sur deux hommes qui sortent des armes de leur coffre. Il leur dit qu’il a un pistolet. Montre son permis de port d’arme. Et ils entendent des coups de feu.
Le Suisse de 56 ans dĂ©cide de s’approcher. Il sera suivi par les deux autres hommes. Il progresse prudemment le long d’une rue, tentant de rester protĂ©gĂ© par l’alignĂ©e de voiture parquĂ©e. «Je connais les lieux. Je savais qu’il y a une banque. Ă€ ce moment, je me disais que ça pouvait ĂŞtre une attaque terroriste. Ou un braquage. J’espĂ©rais la seconde hypothèse: les braqueurs sont plus raisonnables que les terroristes.» (…)
«Ils se sont mis à nous tirer dessus»
Le trio s’est finalement retrouvé devant l’hôtel Dusit. Dont l’entrée vitrée avait été criblée de balle. «On savait qu’ils étaient dans l’hôtel. Mais aussi qu’ils pouvaient avoir des otages. Alors nous sommes entrés. Tout était vide. On marchait sur les morceaux de verre et ça faisait du bruit. Peut-être trop de bruit. En tout cas ils se sont mis à nous tirer dessus. Je ne les ai pas vus. Je ne sais pas d’où ils tiraient», témoigne Serge Medic.
Les trois hommes détalent immédiatement et se retranchent derrière deux grosses colonnes. Au bout de la petite rue, ils aperçoivent enfin des renforts. Une dizaine de policiers. L’un après l’autre, les trois hommes vont courir se réfugier vers les agents, tout en tirant vers une fenêtre de l’hôtel grande ouverte, pour éviter d’être pris pour cible par un terroriste.
Serge Medic a pu rĂ©cupĂ©rer des images de vidĂ©osurveillance sur lesquelles on le voit lors de l’attaque, pistolet Ă la main.
Le nouveau petit groupe se retrouve alors tout proche d’un autre bâtiment, de cinq étages. Est-il occupé par des assaillants? Y a-t-il des otages? Les policiers et le trio de civils armés n’en savent rien mais décident de tenter de le sécuriser. Étage après étage. Porte après porte.
Derrière beaucoup de portes closes, des femmes et des hommes qui tentent de se cacher. Il faut les convaincre que ce sont bien des policiers qui sont lĂ , venus les dĂ©livrer. Et pas des djihadistes venus les abattre. Des nĂ©gociations orales qui peuvent ĂŞtre longues. «Puis on trouvait des personnes cachĂ©es sous des bureaux. Ailleurs, trois sont sortis d’une armoire. Il y avait en fait beaucoup plus de monde qu’on le pensait», explique Serge Medic. (…)
Lire l’article en entier sur : LeMatin.ch via StopHoplophobie
En savoir plus sur Notre Quotidien
Subscribe to get the latest posts sent to your email.