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La Pologne a fait expulser une militante des « droits de l’Homme » de l’espace Schengen

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Une militante des droits de l’Homme ukrainienne s’est vue refuser l’entrée dans l’espace Schengen, suite à une demande de la Pologne.

Info datant de la fin du mois d’août

Le 13 août, Lyudmyla Kozlovska, militante ukrainienne pour les droits de l’Homme, a été appréhendée à l’aéroport de Bruxelles. Les forces de sécurité lui ont expliqué qu’elle figurait sur une liste de personnes non autorisées à entrer dans l’espace Schengen, initiant une vague de spéculations sur les raisons de cette exclusion.

Le 20 août, l’Agence de sécurité intérieure polonaise a ensuite indiqué que de sérieux doutes planaient sur le financement de l’organisation dont elle est la présidente, Open Dialog Foundation (ODF). Selon elle, il s’agit en réalité de représailles contre des activités militantes. De fait, les enjeux de gestion d’une fondation n’ont pas grand-chose à voir avec la libre circulation des personnes dans l’espace Schengen.

Le 21 juillet 2017, Bartosz Kramek, le mari de Lyudmyla Kozlovska, avait posté sur Facebook une publication intitulée « Entravons l’État et arrêtons le gouvernement [polonais] ». La publication proposait des mesures de désobéissance civile pour « bloquer les attaques de Droit et Justice [le parti au pouvoir] contre l’état de droit en Pologne », notamment le refus de payer les impôts et une grève des enseignants.

Dans un entretien avec Newsweek Pologne, la militante explique la position de son mari. « La Fondation soutient l’état de droit et les droits de l’Homme. Nous dénonçons ceux qui les violent. En Pologne, la constitution a été violée, il est donc naturel que nous protestions, et que nous dénoncions les coupables : le parti Droit et Justice. »

Pressions sur l’ODF

Une semaine après la publication sur Facebook, le responsable des services secrets, Mariusz Kamiński, a écrit au ministère des Affaires étrangères pour demander un contrôle des activités de l’ODF, suite à « des doutes quant à des infractions aux statuts de la fondation, voire au droit polonais ».

Bartosz Kramek, qui dirige le conseil d’administration de l’association, a assuré à Euractiv Pologne que les sources de financements de l’ODF avaient toujours été claires et publiques et qu’elles n’avaient « jamais suscité de questions avant ma publication sur la défense des tribunaux et la désobéissance civile ».

En octobre 2017, non content d’avoir lancé un contrôle judiciaire, le ministère des Affaires étrangères avait demandé au tribunal de Varsovie « d’établir un conseil d’administration obligatoire pour l’ODF et de suspendre le conseil existant ». Une demande rejetée par la justice.

Le 28 mars 2018, Ryszard Legutko et Kosma Złotowski, eurodéputés du parti Droit et Justice, ont envoyé des questions à la Commission européenne concernant leurs doutes sur les « liens entre l’ODF et la Fédération de Russie dans le contexte du registre de transparence ». La Commission a estimé que leurs inquiétudes n’étaient pas fondées.

Expulsion

Lancer un contrôle fiscal est une chose, faire expulser Lyudmyla Kozlovska en est une autre.

Le 1er mars 2018, cette citoyenne ukrainienne résidant en Pologne depuis dix ans a demandé le statut de résident de longue durée de l’UE. Sa demande a été rejetée par le chef de l’Agence de sécurité intérieure. Sa détention à l’aéroport de Bruxelles n’a pas tardé à suivre.


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