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L’Allemagne se déchire après la fuite en Irak d’un migrant soupçonné de meurtre et de viol

Ali Bashar est soupçonné d’avoir violé et étranglé entre les 22 et 23 mai Susanna Feldman, une jeune juive de 14 ans.

La fuite en Irak d’un demandeur d’asile débouté, soupçonné du viol et du meurtre d’une adolescente, a suscité ce vendredi 8 juin l’émoi en Allemagne et des interrogations sur d’éventuelles négligences des services de police et d’immigration.

Ali Bashar, un Irakien de 20 ans arrivé en Allemagne en octobre 2015 au « pic » de la crise des réfugiés, est soupçonné d’avoir violé et étranglé, entre les 22 et 23 mai, Susanna Feldman, une jeune juive de 14 ans, à Wiesbaden, selon la police.

Le jeune homme, dont la demande d’asile avait été rejetée en décembre 2016, a quitté l’Allemagne le 2 juin avec toute sa famille alors qu’il n’était pas encore soupçonné et que le corps de la jeune fille n’avait pas été découvert. Selon la même source, il serait désormais dans la ville irakienne d’Erbil – la capitale de la région autonome du Kurdistan. Il y aurait été arrêté.

Ali Bashar a été « arrêté cette nuit vers deux heures du matin par les forces de sécurité kurdes dans le nord de l’Irak », a ainsi affirmé le ministre allemand de l’Intérieur Horst Seehofer.

Connu des services de police, il a fui avec ses parents et cinq frères et sœur avec des laissez-passer émis par les autorités consulaires irakiennes.

Or sur ces papiers en arabe, les noms n’étaient pas les mêmes que sur les billets d’avion, ont admis les autorités qui n’ont examiné que les photos d’identité au contrôle de passeport.

« Victime de la politique d’Angela Merkel »

Cette affaire a soulevé bien des questions alors que l’Allemagne, à la suite de la montée en puissance de l’extrême droite, a mis un sérieux tour de vis à sa politique d’accueil des demandeurs d’asile. Le chef du parti libéral (FDP/opposition), Christian Lindner, s’est interrogé :

« Pourquoi l’auteur et l’ensemble de sa famille ont-ils pu quitter le territoire avec manifestement de fausses identités ? »

Plusieurs meurtres commis par des étrangers ont alimenté la polémique autour du manque de préparation de l’Allemagne à l’accueil d’un tel nombre d’immigrés.

Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) a utilisé ces affaires pour justifier son discours anti-islam et anti-Merkel et remporté un succès fracassant aux législatives de septembre. Alice Weidel, une dirigeante de l’AfD, a martelé en réclamant la démission de la chancelière :

« Susanna est une nouvelle victime de la politique d’accueil égoïste et hypocrite de la chancelière Angela Merkel »

Avant le meurtre, Ali Bashar avait déjà été soupçonné d’actes de délinquance, notamment envers une policière. Son nom est également apparu, en mars, lors du viol d’une fillette de 11 ans dans le foyer où il vivait. Il n’avait été inculpé dans aucune affaire.

Les autorités ont été mises sur la piste du meurtrier présumé par un réfugié de 13 ans, qui s’est présenté à la police en affirmant qu’Ali Bashar lui avait avoué le meurtre de Susanna Feldman. C’est aussi grâce à ce témoignage que le corps de la jeune fille a pu être retrouvé mercredi.

Pas d’amalgames pour la police

Un Turc de 35 ans, un temps suspecté d’être impliqué et lui aussi demandeur d’asile, a été relâché jeudi soir.

Vendredi, le quotidien à grand tirage « Bild » assénait en une : si Ali Bashar « avait été expulsé, elle ne serait pas morte », voyant dans cette affaire « un explosif pour la société ».

Les autorités s’efforçaient, elles, de calmer le jeu. Le président de la police criminelle (BKA), Holger Münch, a demandé de ne pas faire d’amalgame entre criminalité et immigration, rappelant que « les hommes jeunes commettent bien plus souvent des crimes que les autres ou que les femmes ».

Le chef de la police de Wiesbaden, Stefan Müller, a, lui, souligné que si le suspect était un immigré, le jeune garçon qui a alerté la police l’était aussi.

Ali Bashar avait déposé un recours en justice contre le rejet de sa demande d’asile lequel, dix-huit mois plus tard, n’avait toujours pas été examiné. Dans l’attente d’une décision finale, l’intéressé était donc autorisé à rester en Allemagne.

Les tribunaux croulent sous des centaines de milliers de recours alors que les services d’immigration, actuellement au cœur d’un scandale de corruption, sont mis en cause pour leur lenteur et la piètre qualité de leur travail.

Source L’obs


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