Fin novembre, six migrants avaient été dénoncés par des Gilets jaunes et mis au pilori sur Facebook. Le vidéaste sera jugé le 1er mars.
« Vous voyez bien qu’on n’est pas racistes! » Miguel Niewiadomski, porte-parole des Gilets jaunes du rond-point de Flixecourt (Somme), pose fièrement la main sur l’Ă©paule d’un homme discret. Noir. Un ancien surveillant de prison. Ici, au bord de l’autoroute A16 qui mène Ă Calais, les occupants du campement semblent dĂ©passĂ©s par les rĂ©percussions de la journĂ©e du 20 novembre 2018, au cours de laquelle six migrants avaient Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©s aux gendarmes. FilmĂ©e, la scène avait donnĂ© lieu Ă l’ouverture d’une enquĂŞte pour injure publique Ă caractère raciste et Ă une polĂ©mique sur les rĂ©seaux sociaux.
Certains ont eu l’impression d’avoir sauvĂ© la vie de ces exilĂ©s
(…) Très vite, ce jour-lĂ , les Gilets jaunes ont alertĂ© les gendarmes. « On a un deal avec eux, continue Miguel Niewiadomski. Quand on voit quelque chose, on les prĂ©vient. L’autre fois, il y avait un mec bourrĂ© ; on les a appelĂ©s tout de suite. » Certains ont mĂŞme eu l’impression d’avoir sauvĂ© la vie de ces exilĂ©s. Parmi les six hommes cachĂ©s, deux faisaient l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) ; eux ont Ă©tĂ© immĂ©diatement relâchĂ©s par les gendarmes. Les quatre autres se sont vu notifier des OQTF puis ils ont pu recouvrer leur libertĂ©. Sur le rond-point, aucun Gilet ne comprend que la dĂ©nonciation puisse poser problème. (…)
Arrestation diffusée en direct sur Facebook
Par contre, pour Alexandre de Bosschère, procureur d’Amiens, le « problème » est juridiquement clair. Et ce d’autant plus que l’arrestation des six hommes apeurĂ©s avait Ă©tĂ© diffusĂ©e en direct sur Facebook. L’auteur de la vidĂ©o, seul Ă ĂŞtre poursuivi pour « injure publique Ă caractère raciste », avait commentĂ© la scène avec des mots nausĂ©abonds : « Quelle bande d’enculĂ©s! Tout ça va encore ĂŞtre prĂ©levĂ© sur nos impĂ´ts » ou « Ils sont en France, ces sales bâtards! ». « Ces propos n’ont pas pu ĂŞtre audibles pour les migrants ou les gendarmes, prĂ©cise le procureur. C’est leur diffusion qui rend l’injure publique, ce qui ramène les faits Ă leur juste proportion. »
En revanche, les investigations ont dĂ©terminĂ© que l’Ă©vocation d’un « barbecue gĂ©ant », qui avait beaucoup choquĂ© en novembre, avait Ă©tĂ© mal interprĂ©tĂ©e : il s’agissait d’une rĂ©fĂ©rence aux cuves mĂ©talliques, « qu’un certain nombre de gens utilisent pour leurs grillades », selon Alexandre de Bosschère.
Le vidĂ©aste amateur ne vient plus sur le rond-point de Flixecourt. Ce « gamin », comme l’appellent ses camarades, est un « taiseux », selon les mots de son avocat, Ghislain Fay. Le jeune homme de 23 ans vit en concubinage dans les environs, au cĹ“ur d’une rĂ©gion sinistrĂ©e très mobilisĂ©e. « À la suite de cette affaire, il a perdu son boulot, indique Me Fay. Il bossait en intĂ©rim dans une usine. » Le suspect a ensuite Ă©tĂ© interpellĂ© Ă Amiens lors de la manifestation du 29 dĂ©cembre. En jaune, il lançait des cailloux sur les policiers. Il sera jugĂ© le 1er mars.
Source : lejdd.fr
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