Le président de l’exécutif corse, Gilles Simeoni, défend sa proposition d’accueillir dans l’île les migrants de l’Aquarius. Une décision humanitaire, mais aussi politique.
Sa proposition a tranché avec la discrétion des autorités nationales : le président de l’exécutif corse, l’autonomiste Gilles Simeoni, a invité mardi le navire Aquarius à faire escale dans un port de l’île. Le sort de ce navire, qui a recueilli 629 migrants en mer et que l’Italie refuse de voir aborder ses côtes, était toujours incertain mercredi matin, malgré l’accueil promis par le gouvernement espagnol. Joint par Libération, Gilles Simeoni évoque un geste spontané face à l’urgence de la situation. Mais assume aussi la dimension politique de sa proposition, présentant la Corse en acteur méditerranéen «autonome».
Pourquoi avez-vous proposé d’ouvrir un port corse à l’Aquarius ?
Hier soir, nous avons constaté l’urgence de la situation du navire, avec une météo dégradée, le manque de vivres à bord et la distance à parcourir pour rejoindre l’Espagne [qui propose d’accueillir le bateau, ndlr]. Cette offre est un réflexe spontané de notre part, envers des gens qui se trouvent en détresse si près de nos ports.
(…)
Vous êtes-vous concertés avec les services de l’Etat avant de faire votre proposition ?
Pas avant de la faire, mais après : j’ai eu la préfète au téléphone, qui nous a plutôt incités à la prudence. On nous dit que ce sera difficile à gérer, qu’il faudra réquisitionner des hôtels, que nous n’avons pas la compétence pour prendre cette décision. Mais moi, la compétence, je la prends. La Collectivité de Corse est propriétaire des ports. Il serait sans doute difficile de gérer l’accueil de 629 personnes sur le moyen ou le long terme. Mais il s’agit d’abord d’offrir une escale, de ne pas laisser ces gens errer en pleine mer. Après, sur la plus longue durée, on peut réfléchir différemment. Pour l’instant, on dit à l’État : nous sommes prêts, et vous ?
Votre démarche a aussi un aspect politique : il s’agit de présenter la Corse comme un acteur autonome…
Oui, un acteur autonome qui s’engage pour une Europe et une Méditerranée fraternelles. Il ne s’agit pas d’instrumentaliser une situation douloureuse pour construire un rapport de force avec L’État, mais la situation ne peut dépendre de considérations juridiques. On est au croisement des valeurs d’hospitalité de notre île, et des valeurs universelles de l’Europe.
Source et article complet via lesobs.ch
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