Source :Â atlantico.fr
La prime dâactivitĂ©, revue et corrigĂ©e par Emmanuel Macron en rĂ©ponse Ă la revendication des Gilets jaunes, se rĂ©vĂšle ĂȘtre un vĂ©ritable succĂšs. Normalement, plus de 3,5 millions de foyers bĂ©nĂ©ficient depuis hier, mardi, de cette prime dâactivitĂ© augmentĂ©e, soit 700 000 de plus quâavant le dĂ©but de la colĂšre, une prime qui a grossi de façon importante (jusquâĂ 100 euros).
Juridiquement, prĂšs de 5 millions de foyers sont dĂ©sormais Ă©ligibles, contre 3,8 millions avant le mouvement des Gilets jaunes, soit 1,2 million de foyers supplĂ©mentaires. Mais comme ce versement nâest pas automatique, les bĂ©nĂ©ficiaires doivent en faire la demande aux guichets des caisses dâassurances familiale, les CAF.
Le gouvernement prĂ©voyait pour janvier 400.000 foyers bĂ©nĂ©ficiaires en plus. On sâaperçoit quâils seront beaucoup plus nombreux. Alors, il y a tous ceux qui ne faisaient pas la demande parce quâils en ignoraient la procĂ©dure, mais il y a aussi les nouveaux bĂ©nĂ©ficiaires, puisque cette prime concerne lâensemble des actifs, les salariĂ©s mais aussi les agriculteurs, fonctionnaires et indĂ©pendants.
Soit 5 millions de foyers Ă©ligibles (7,6 millions de personnes en comptant conjoints et enfants) peuvent au total prĂ©tendre Ă la prime. Alors, le gouvernement a beaucoup simplifiĂ© les procĂ©dures et les a accĂ©lĂ©rĂ©es, mais il faudra sans doute plusieurs mois pour que lâensemble des bĂ©nĂ©ficiaires se prĂ©sentent Ă la CAF.
La prime dâactivitĂ© est donc dĂšs aujourd’hui un vĂ©ritable succĂšs. La plupart des critiques se sont tues. Que ce soit parmi les gilets jaunes, les syndicats ou les chefs dâentreprises.
Il faut dire que, depuis quâelle existe, les Ă©conomistes considĂšrent que câest une mesure dâintervention qui a peu dâeffets pervers. Dâailleurs, elle a Ă©tĂ© adoubĂ©e et amĂ©liorĂ©e par tous les gouvernements, quâils soient de gauche ou de droite.
Elle existe depuis 2016, annĂ©e oĂč on avait fusionnĂ© le RSA et la prime pour l’emploi. La rĂ©volte des gilets jaunes a conduit le gouvernement Ă encore lâamĂ©liorer, en lâaugmentant de prĂšs de 100 euros par mois.
Cette augmentation correspond Ă une accĂ©lĂ©ration du calendrier de la revalorisation, qui Ă©tait initialement Ă©talĂ©e jusquâen 2022, à laquelle on a ajoutĂ© la revalorisation du Smic. Les conditions dâobtention sont trĂšs simples. Pour la toucher, il faut un emploi ou une activitĂ©, mĂȘme partielle, mais Ă condition que le revenu mensuel gĂ©nĂšre au moins la moitiĂ© dâun smic, soit 600 euros par mois jusquâĂ un plafond de 1,5 fois le smic pour une personne seule sans enfant. Les Ă©tudiants et les stagiaires, qui ont reçus 78% du Smic sur trois mois (environ 930 euros), sont Ă©galement Ă©ligibles.
Cette augmentation et la communication faites autour de cette prime par le gouvernement expliquent que les Caf reçoivent désormais 30 000 demandes nouvelles par jour.
Pour la macro Ă©conomie, la prime dâactivitĂ© va reprĂ©senter aux alentours de 4 milliards, soit une grande part du montant de la relance consentie par Emmanuel Macron en dĂ©cembre dernier, qui devrait reprĂ©senter 13 milliards dâeuros en annĂ©e pleine.
Mais pour la micro-Ă©conomie, cette prime dâactivitĂ© nâa pas dâeffets pervers. Elle bĂ©nĂ©fice aux bas revenus, on peut donc imaginer quâelle ira dans la consommation.
Par ailleurs, la prime va Ă ceux qui ont un travail, câest donc un encouragement au travail. Quant aux entreprises, elles nâen payent pas le surcoĂ»t, contrairement Ă ce qui se serait passĂ© si on avait augmentĂ© le smic. Si on avait augmentĂ© le smic, on piĂ©geait la compĂ©titivitĂ© des entreprises, on provoquait une distorsion de la grille des salaires. Bref, on prenait un risque avec lâemploi. Une partie des Gilets jaunes et de la France Insoumise qui rĂ©clamaient plutĂŽt une augmentation de salaires, ont peut ĂȘtre compris que lâaugmentation de salaires se retrouvait directement dans le prix de revient du produit ou du service, donc que câest le client final qui la payait. Du coup, lâentreprise se retrouvait confrontĂ©e Ă la concurrence de marchĂ©. Le gilet jaune est assez prompt Ă rĂ©clamer une augmentation de salaire et il a raison. Dans le mĂȘme temps, il va rĂ©clamer des baisses de prix Ă la consommation. Ces deux revendications constituent une mĂ©canique redoutable pour tuer lâentreprise et fabriquer du chĂŽmage.
La prime dâactivitĂ© est neutre. Et comme son mĂ©canisme a Ă©tĂ© trĂšs simplifiĂ©, elle est assez comprĂ©hensible. Ni les Gilets jaunes, ni les partenaires sociaux ne peuvent sĂ©rieusement lâattaquer.
Ce qui est intĂ©ressant, câest que cette mĂ©canique de redistribution ouvre la voie Ă la crĂ©ation dâun revenu universel (de base). Un outil auquel beaucoup de candidats Ă la prĂ©sidentielle avaient songĂ©. Le parti socialiste en avait fait son cheval de bataille, mais Emmanuel Macron dâun cotĂ© et François Fillon de lâautre, avaient eux aussi retenu le principe.
La principale diffĂ©rence avec le revenu universel, câest que dans lâesprit des concepteurs, le revenu universel de base remplacerait dans le mĂȘme temps toutes les autres prestations et allocations qui sont versĂ©es, ce qui complique singuliĂšrement la distribution et le calcul mais qui permet d’amortir le cout budgĂ©taire en transfĂ©rant une grande partie du financement des dĂ©penses sociales au paiement du revenu universel de base.
Ajoutons quâen pĂ©riode de sous-emploi avec un chĂŽmage structurel important et affectant principalement les emplois non-qualifiĂ©s, la prime dâactivitĂ© a un Ă©norme avantage, elle incite Ă lâemploi et Ă l’embauche en conditionnant son versement Ă lâexercice effectif dâemploi. Or, les emplois non qualifiĂ©s (et par dĂ©finition faiblement payĂ©s) sont nombreux Ă ne pas ĂȘtre pourvus. Sâils sont primĂ©s, le chef dâentreprise embauche et les salariĂ©s au chĂŽmage peuvent avoir intĂ©rĂȘt Ă les accepter.
Source :Â atlantico.fr
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