Lisbonne attire de plus en plus d’expatriés, notamment des Français (15.300 résidents français déclarés en 2017), contraignant les habitants à déménager.
Le contraste est saisissant. Ici, des cafés branchés et des boutiques-hôtels aux azulejos flambant neufs. Là , des tavernes et des quincailleries surannées, grignotées par des commerces toujours plus à la mode. Cette évolution n’est pas pour déplaire au Français Dorian Liégeois, qui a choisi d’installer sa start-up baptisée Seeqle, spécialiste du recrutement sur les réseaux sociaux, dans ce quartier en pleine mutation : Baixa, en lisière du Tage. « Lisbonne a le potentiel de Berlin ou Barcelone il y a quelques années, justifie l’entrepreneur de 28 ans. Le cadre est agréable, les économies réalisées sur les loyers et les salaires à l’embauche sont importantes. »
A Intendente, ancien quartier de la drogue, des bâches « Promoteur immobilier », frappĂ©es des logos de compagnies privĂ©es, recouvrent les immeubles en pleine rĂ©novation. Place du Marquis-de-Pombal, le bâtiment du quotidien Diário de NotĂcias cĂ©dera bientĂ´t la place Ă des appartements de luxe. « Cette transformation comprend plus d’aspects positifs que nĂ©gatifs, assure la Franco-Portugaise CĂ©cile Gonçalves, dirigeante de l’agence immobilière Maison au Portugal. Il y a dix ans, le patrimoine tombait en ruine. Les rĂ©novations sont rĂ©alisĂ©es suivant les exigences de la mairie, pour prĂ©server l’esprit de la ville. » Dans le quartier de Santos, les affiches du Parti communiste prĂ©viennent au contraire : « La spĂ©culation laisse le peuple sans logement ». « La loi de 2014 rĂ©glementant les logements de type Airbnb a permis aux propriĂ©taires d’empocher 3.000 euros par mois pour un logement touristique, contre 300 pour un locataire traditionnel, rappelle de son cĂ´tĂ© LuĂs Filipe Gonçalves Mendes, gĂ©ographe et membre du collectif Morar em Lisboa (« vivre Ă Lisbonne »). Ces programmes nĂ©olibĂ©raux ont crĂ©Ă© une distorsion de concurrence au sein de l’Union europĂ©enne et des expulsions en masse parmi la population lisboète, refoulĂ©e vers la grande pĂ©riphĂ©rie. »
Ce sujet brûlant n’est pas passé inaperçu parmi les expatriés. L’entrepreneuse Manon Le Padellec veille à consommer dans les commerces locaux. « Lisbonne devient une ville-monde, or le Portugal n’a pas l’habitude du melting-pot, analyse le start-upper Dorian Liégeois. Les habitants opèrent un repli défensif par rapport à une culture qu’ils sentent menacée. La meilleure manière pour les étrangers d’y répondre, c’est d’apprendre le portugais. »
Source :Â Le JDD
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