Et si le corps humain ne comptait pas 79 organes distincts mais plutôt 80 ? C’est bien ce qu’estiment des chercheurs de la NYU School of Medicine en explorant l’anatomie humaine le plus précisément possible. Ils ont découvert l’existence d’une structure composée de tissu et de liquide présente sous les muqueuses de plusieurs organes, le système digestif, les poumons, les voies urinaires et autour des veines, artères et de certains muscles. Il s’agirait ainsi de compartiments « interconnectés » par cette structure appelée l’interstitium. Ce dernier agirait comme un « amortisseur » qui empêche les tissus de se déchirer quand les organes, muscles et vaisseaux exercent leurs fonctions quotidiennes.
« Fait important, nous avons constaté que cette couche est une autoroute de fluide en mouvement ce qui peut expliquer pourquoi le cancer qui l’envahit devient plus susceptible de se propager », expliquent les chercheurs dans un communiqué. Dans leur étude, ils indiquent également que l’interstitium possède la caractéristique de « s’étaler » dans le système lymphatique et constituerait même la principale source de lymphe, un liquide qui contient des globules blancs appelés lymphocytes. Il est filtré par les ganglions lymphatiques et par un certain nombre d’organes tels que la rate, les amygdales, la moelle osseuse et le thymus, pour en extraire les bactéries, les virus et toute autre substance étrangère.
Il est « invisible » au microscope
De plus, les cellules qui résident dans l’espace et les faisceaux de collagène qui tapissent cette structure changent avec l’âge et peuvent contribuer au plissement de la peau, au raidissement des membres et à la progression des maladies fibrotiques, sclérotiques et inflammatoires. Les précédentes recherches sur l’anatomie humaine ont permis de découvrir que plus de la moitié du liquide dans le corps réside dans les cellules et environ un septième à l’intérieur du cœur, des vaisseaux sanguins, ganglions et vaisseaux lymphatiques. « Le fluide restant est « interstitiel » et cette étude est la première à définir l’interstitium comme un organe à part entière », indiquent les chercheurs.
Si ce dernier n’est pas officiellement classé comme un organe, il s’agirait du plus gros que compte le corps humain si c’était le cas. Si les chercheurs ne l’évoquent que maintenant, c’est en raison des techniques de microscopie actuelles. Il est demeuré inconnu auparavant car l’examen des tissus se fait à l’aide de lames au microscope : les scientifiques préparent les tissus en les traitant avec des produits chimiques, en les coupant en tranches et en les colorant pour mettre en évidence les principales caractéristiques. Or, ce processus de fixation « a fait qu’un type de tissu rempli de liquide dans le corps semble solide dans les lames de microscope pendant des décennies », explique le Pr Neil D. Theise.
De possibles utilisations dans le domaine médical
Il aura fallu que les scientifiques utilisent une technique plus récente appelée endomicroscopie confocale qui consiste à voir l’intérieur des organes avec une sonde et des capteurs, ce qui offre une vision microscopique des tissus vivants. Ce procédé était utilisé initialement pour sonder la voie biliaire d’un patient atteint d’un cancer et c’est à ce moment que les scientifiques ont découvert une série de cavités interconnectées qui ne correspondait à aucune anatomie connue. Un examen au microscope leur permettra de confirmer que les espaces très minces vus dans des lames, considérés comme des déchirures dans le tissu, étaient en fait les restes de compartiments effondrés remplis auparavant de liquide.
« Une fois que l’équipe a identifié ce nouvel espace dans les images des voies biliaires, elle les a vite repérées dans tout le corps là où les tissus se déplaçaient ou étaient comprimés de force », soulignent les chercheurs. Cette découverte n’est pas sans donner l’espoir de faire de grands progrès en médecine, avec par exemple la possibilité de réaliser des « échantillons » de ce liquide interstitiel pour en faire un outil de diagnostic. Reste que des recherches sont nécessaires pour comprendre plus précisément quel type de matériel biologique compose cet interstitium et comment ce dernier interagit avec les organes qu’il entoure pour déterminer si oui ou non, il s’agit bien d’un organe à part entière.
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