Par Nicolas Lecaussin est Directeur de l’IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales), think-tank libéral.
Alors que nombre de commentateurs se refusent à voir la politique de Donald Trump et préfèrent le réduire à des pathologies cliniques, il faudrait plutôt juger ce dernier sur ses résultats, pour lesquels il n’a pas à rougir, analyse Nicolas Lecaussin.
Difficile d’y échapper. Emissions de radio ou de télé, articles, reportages, débats ou conférences, la très grande majorité ont pour sujet la santé mentale de Donald Trump. Le bruit court qu’il serait «psychopathe». Aux États-Unis, d’après une lettre «anonyme» provenant, selon le New York Times, de l’intérieur de l’administration, Trump serait «atteint de folie». Un livre intitulé «Fear» («Peur») vient de paraître. En France, on voit même Trump sur la couverture d’un livre intitulé «Ces psychopathes qui nous gouvernent», entouré de plusieurs figures toutes plus sanguinaires les unes que les autres. (…)
Dans le pays du «psychopathe» Trump, le taux de chômage est à 3.8 %, celui des Afro-américains n’a jamais été aussi bas, les investissements des entreprises battent des records, l’indice de confiance des consommateurs atteint le plus haut niveau depuis 18 ans et la croissance économique a été revue à la hausse: 4.7%! Les experts hostiles à Trump en tiennent-ils compte?
Très impliqué dans les primaires républicaines avant les élections de midterm (mi-mandat) de novembre, Trump a fait gagner les candidats qui se réclamaient de lui. Sur 37 candidats républicains qu’il a soutenus, seuls deux ont perdu. Très bizarre, ce président «psychopathe». En outre, il a mis en place une réforme fiscale tout à fait cohérente qui n’a rien à envier à celle de Reagan au début des années 1980 et il a fait repartir la machine économique américaine.
L’adversaire numéro 1 de la plupart des médias américains a aussi choisi de déréglementer en supprimant des normes inutiles, il a donné de l’air aux entreprises et aux investisseurs. Pire encore: il a facilité l’embauche et le licenciement des fonctionnaires fédéraux afin de diminuer le rôle et le pouvoir de nuisance des syndicats. Délire de psychopathe?
Sur le plan international, le même «psychopathe» a tendu la main au dictateur de la Corée du Nord alors que tout le monde craignait un affrontement militaire. Il a demandé un effort supplémentaire aux membres de l’OTAN – rien de vraiment anormal – sans rien changer aux engagements de l’Amérique. Il vient de signer un nouvel accord commercial avec le Mexique et il y en aura probablement un autre avec l’Europe.
On peut très bien critiquer Trump, mais avec des arguments solides. Ce qui demande un minimum de culture et de compétence. L’insulter à longueur de journée est indigent et grotesque. C’est obsessionnel, pour reprendre le titre du célèbre livre de Jean-François Revel à propos de l’antiaméricanisme des Français. À tel point qu’on se demande parfois qui est vraiment «psychopathe».
Source : Le Figaro via LesObs.ch
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