« Il s’agit d’un holocauste irlandais » a déclaré Carmel Larkin à la chaîne de télévision RTE, à propos des maisons de naissance. Une commission d’enquête officielle a rendu, mardi, un rapport sur ces institutions catholiques dans lesquelles plus de 9 000 bébés sont morts de 1922 à 1998.
C’est un moment historique pour l’Irlande. Un siècle après son indépendance, la République affronte un passé sombre et pas si lointain : sa société fut jusqu’à la fin du XXe siècle profondément catholique et rurale, mais surtout brutalement misogyne. Après cinq années de travail, une commission d’enquête officielle a rendu, mardi 12 janvier, un énorme rapport (3 000 pages) décortiquant le fonctionnement de dix-huit « maisons pour mères et bébés », la plupart gérées par des congrégations catholiques, où ont été placées des dizaines de milliers de femmes sur le point d’accoucher entre 1922 et 1998.
Rejetées par leur famille et par les géniteurs des bébés, les jeunes femmes (parfois encore des enfants, et pour la plupart issues de milieux pauvres) y cachaient des grossesses considérées comme honteuses. Elles étaient durement traitées et souvent les enfants étaient placés ou adoptés sans leur consentement. Le taux de mortalité infantile y était affolant. A Bessborough dans le comté de Cork (sud du pays), dans une maison gérée par la Congrégation des sacrés-cœurs de Jésus et Marie, les trois quarts des bébés nés en 1943 sont morts dans l’année. En tout, 9 000 enfants sont décédés dans ces maisons, soit 15 % du total des enfants y ayant séjourné. Et beaucoup n’ont pas eu droit à une sépulture décente.
Ce qui se passait derrière les murs de ces institutions briseuses de destins était connu et toléré « des autorités locales et nationales à l’époque », précise le rapport, en accès public depuis mardi, après avoir été transmis aux familles des victimes. Mercredi, le premier ministre Micheál Martin a présenté des excuses solennelles au nom de l’Etat irlandais, « pour la honte et les stigmates » dont ces générations de femmes ont été l’objet. « Vous étiez dans une institution par la faute des autres. Vous n’avez rien à vous reprocher, vous n’avez pas à avoir honte, chacune d’entre vous mérite tellement mieux », a ajouté M. Martin, en s’adressant aux victimes, depuis le Dail, la chambre basse du Parlement irlandais à Dublin.
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