Les habitants de banlieue, plus enclins aux troubles mentaux ? Pour Antoine Pelissolo, psychiatre à l’hôpital Henri Mondor de Créteil, « les conditions de vie détériorées » qui marquent certains territoires « peuvent amplifier ces phénomènes psychiques » . Pauvreté, chômage, violence, isolement : « la banlieue cumule beaucoup de problèmes » rappelle-t-il.
Ce travail d’information et de pédagogie, le sociologue Michel Joubert en a constaté l’urgence au début des années 1990, lors de recherches menées à Saint Denis (93). La ville demande au chercheur de sonder les habitants de ce désert médical sur leur besoin en matière de soins. A la surprise générale, ce sont les troubles psychiques qui reviennent sans cesse. « Les gens venaient nous voir pour nous dire qu’ils ‘allaient mal’, qu’ils ‘n’avaient plus la force’, voire qu’ils étaient sur le point de ‘péter un câble’ » détaille le chercheur.
Alertée, la ville se dote d’un conseil de santé mentale, une structure qui existe désormais dans de nombreuses villes mais qui au début des années 2000 commençait tout juste à voir le jour.
A Saint-Denis, après le diagnostic, les projets ont fait florès. Comme ce partenariat avec la mission locale visant a détecter des jeunes en souffrance qui pourraient basculer dans la délinquance.
Prévention encore, comme lorsque la ville de Créteil décide de former ses agents, notamment ceux au contact de la population, aux troubles psychiques dans le but d’identifier les profils à risque et de leur proposer une offre de soin.
En première ligne dans la bataille, ces villes disposent d’un soutien financier de l’Etat, via l’agence régionale de santé (ARS), qui leur permet de pérenniser des dispositifs existants. « Pas suffisant » pour le chercheur Michel Joubert, pour qui les autorités « n’ont pas encore pris l’ampleur du défi présent et à venir » .
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