Extrait de Sciences et Avenir
Le système immunitaire des Africains et Européens n’est pas identique, révèle une équipe de recherche française. En cause, la rencontre de ces derniers avec l’homme de Néandertal, il y a 50 à 60.000 ans.
Européens et Africains répondent différemment aux infections. C’est la conclusion de quatre ans de travaux menés par des chercheurs de l’Institut Pasteur et du CNRS, publiés dans la revue Cell. Une différence liée notamment à l’héritage que les Européens tiennent de l’Homme de Néandertal.
« Ce résultat permet de mieux comprendre la sensibilité de certaines populations à des maladies comme le lupus, dont l’incidence est plus importante en Afrique qu’en Europe »
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont décodé l’ensemble des gènes de la réponse immunitaire de 200 individus Européens et Africains. Plus précisément, ils ont séquencé la totalité de l’ARN (acide ribonucléique, macromolécule support de l’information génétique comme l’ADN) de ces individus pour caractériser la manière dont des cellules actrices de la réponse immunitaire innée, les monocytes, répondaient à l’attaque de bactéries ou virus (tel le virus de la grippe). Premier constat : Européens et Africains diffèrent dans l’amplitude de leur réponse immunitaire, notamment pour certains gènes impliqués dans les réponses inflammatoire et antivirale. Ces différences sont en grande partie dues à des mutations génétiques, différemment distribuées entre Africains et Européens, qui modulent l’expression des gènes de l’immunité. « Ce résultat permet de mieux comprendre la sensibilité de certaines populations à des maladies comme le lupus, dont l’incidence est plus importante en Afrique qu’en Europe », explique l’Institut Pasteur dans un communiqué.
De plus, selon cette vaste analyse, certaines de ces mutations génétiques ont été favorisées par la sélection naturelle, aidant chacune de ces populations à mieux s’adapter à son environnement. Mais de manière surprenante, selon des processus indépendants jouant sur des gènes différents, la sélection naturelle a abouti, chez les populations d’Europe et d’Afrique, a un même résultat : diminuer la réponse inflammatoire. « Cet exemple d’évolution, dite convergente, vient confirmer que bien que protégeant efficacement des infections, une réponse immunitaire trop forte, comme dans le cas des allergies ou des maladies auto-immunes, est à éviter », explique l’Institut Pasteur. « En fait, il y a une balance entre trop et pas assez de réponse immunitaire, dont le point d’équilibre peut varier selon l’environnement, précise à Sciences et Avenir Céline Bon, paléogénéticienne au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, qui n’a pas pris part à ces travaux. L’environnement des chasseurs-cueilleurs du paléolithique était beaucoup plus riche en micro-organismes et en pathogènes que celui de leurs descendants vivant dans une société moderne. D’où le fait que des variants autrefois bénéfiques peuvent aujourd’hui causer des allergies, par exemple. »
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