Selon une enquĂŞte OpinionWay, le Canada, les Etats-Unis et l’Australie sont les destinations qui font le plus rĂŞver les jeunes Français…
La France ne leur suffit plus. 75 % des 18-30 ans rêvent de partir à l’étranger pour une période longue (plus de trois mois). Une appétence pour le voyage qui ne surprend pas Lucas Chevalier, porte-parole de l’agence Erasmus + France : « Les jeunes vivant dans une société mondialisée, ils se projettent de plus en plus dans des parcours scolaires et professionnels internationaux et envisagent de partir pour faire un stage, des études ou simplement pour découvrir le monde », observe-t-il.
« C’est d’autant plus vrai que la mobilitĂ© Ă l’étranger est mise en valeur dans les discours des acteurs Ă©conomiques et dans la politique europĂ©enne de l’éducation. Par ailleurs, les jeunes savent que la pĂ©riode de la vie situĂ©e entre 18 et 30 ans est la plus propice Ă ce genre d’expĂ©riences », abonde Julien Calmand, chargĂ© d’études au CĂ©req (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) et auteur d’une Ă©tude sur le sujet.
Les séjours des uns donnent envie aux autres
Pour l’heure, seulement un quart des sondés (26 %) ont déjà fait leur valise pour un séjour long hors de nos frontières, dont 8 % plusieurs fois. Un chiffre qui paraît mince aux regards de certains de nos voisins européens comme le relève Julien Calmand : « Les jeunes Grecs, Italiens ou Espagnols partent massivement à l’étranger en raison des difficultés économiques rencontrées dans leur pays ». Mais qu’ils aient déjà sauté le pas ou non, 39 % des jeunes ont l’intention de partir dans les deux années à venir.
D’autant que le bouche à oreille est excellent dans ce domaine. Les jeunes Français qui ont vécu ce dépaysement sont dithyrambiques, en citant l’ouverture d’esprit, l’autonomie, la maturité et la confiance en soi que ce voyage leur a apporté. « Et plusieurs études démontrent que les jeunes qui ont connu une expérience à l’étranger s’insèrent mieux dans la vie active », souligne Lucas Chevalier.
Une quête de sens et une envie de découverte
Les 18-30 ans interrogés envisagent ces séjours avant tout comme des aventures fortes qui vont marquer leur vie. La découverte d’une autre culture ou d’un autre mode de vie est en effet la principale motivation évoquée par trois quarts des répondants. Même si l’apprentissage d’une langue étrangère et le développement de nouvelles compétences sont évoqués par 39 % des sondés. « Les jeunes pensent que partir découvrir un autre pays leur permettra de mieux appréhender les phénomènes internationaux et au final de mieux comprendre le monde », analyse Julien Calmand.
D’ailleurs, lorsqu’on les interroge sur le type de séjours qui les fait le plus rêver, 75 % des sondés citent en premier le tour du monde, puis le voyage humanitaire ou écologique (54 %) puis le voyage linguistique (44 %). « Cet attrait pour le voyage autour du monde est dû au fait que les jeunes Français sont influencés par le modèle anglo-saxon de l’année de césure : les jeunes Américains et Australiens font souvent une année de césure après le lycée pour voyager », constate Julien Calmand. « Et avec la démocratisation de l’aérien, le monde entier est devenu plus accessible », souligne Jean-Pierre Pont, fondateur du site francaisaletranger.fr.
Le Canada, destination rêvée
Quand on leur demande d’indiquer sur une mappemonde la destination où ils aimeraient poser leur valise, les 18-30 ans ne font pas franchement preuve d’originalité. Ce sont les pays anglophones qui récoltent le plus leurs suffrages, le Canada en tête, suivi par les Etats-Unis et l’Australie. « Ces pays sont toujours considérés comme des eldorados par les jeunes », constate Jean-Pierre Pont. Une surprise cependant : le Japon arrive en quatrième position, devant le Royaume-Uni. Cette destination est particulièrement prisée par les hommes 18-30 ans. « La culture japonaise me fascine », explique d’ailleurs un sondé.
Reste que si les expériences à l’étranger font rêver, elles ne sont pas accessibles à tous. Ceux qui ne sont jamais partis, évoquent des contraintes professionnelles ou familiales (55 %) les empêchant de partir, suivies des contraintes financières (54 %). « Il existe des déterminants à la mobilité internationale. Elle reste pour l’heure l’apanage des plus diplômés et des jeunes issus des milieux les plus favorisés », explique Julien Clamand. Mais pour le chercheur, les freins sont aussi psychologiques : « la mobilité à l’étranger est favorisée par le fait d’avoir connu d’autres expériences de mobilité auparavant : avoir déménagé enfant, avoir changé d’université, avoir beaucoup voyagé avec ses parents », constate-t-il.
L’information sur le sujet ne leur parvient pas assez
Pour les aider à franchir le pas, les jeunes Français suggèrent des solutions. Premier impératif selon eux : développer des aides financières à la mobilité. Mais selon Jean-Pierre Pont, il faudrait surtout développer l’information sur les aides financières déjà existantes : « les mairies, les régions proposent des aides à la mobilité qui peuvent par exemple compléter une bourse Erasmus +. Il existe aussi d’autres dispositifs mal connus, comme le PVT (programme vacances travail), qui permet aux jeunes âgés de 18 à 30 ans de voyager pendant un an dans un autre pays avec la possibilité de travailler sur place pour compléter leur budget », insiste-t-il.
Ils réclament ensuite un soutien pour trouver un logement, une meilleure information et un meilleur enseignement des langues à l’école. « Le fait de développer les voyages scolaires à l’étranger contribuerait aussi à renforcer l’appétence des jeunes pour l’étranger », estime aussi Julien Calmand. « Il faudrait aussi qu’on commence à parler de mobilité internationale aux lycéens dès la seconde et instaurer une expérience à l’étranger dans tous les cursus de l’enseignement supérieur, mais aussi dans les formations en apprentissage », ajoute Lucas Chevalier.
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