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#Strasbourg Trêve entre turco-tchétchènes et afro-maghrébins après de violents affrontements

L’agression d’un professeur tchétchène a provoqué, fin juin, des heurts entre membres de cette communauté et jeunes de ce quartier populaire. Une tension aujourd’hui retombée.

Les médias locaux n’en ont pratiquement pas parlé. Pourtant, les graves événements survenus dans le quartier ont provoqué une très vive tension. La cité populaire de Hautepierre, à l’ouest de Strasbourg (Bas-Rhin), a finalement évité l’embrasement fin juin, après l’agression d’un professeur d’arabe, figure de la communauté tchétchène. «Sans l’intervention de la police, on aurait pu avoir des dizaines de morts», assure Abdelhatif Hakmim, président de l’Association musulmane de Hautepierre, pour qui cette crise a été la pire de l’histoire du quartier. Pendant une semaine, forces de l’ordre et associations musulmanes ont travaillé main dans la main pour contrer l’escalade de violence entre jeunes du quartier et jeunes Tchétchènes.

«Soixante et une nationalités vivent ici», insiste Adbelhatif Hakmim. «On a toujours cohabité. L’endroit où s’est produite l’agression qui a déclenché les hostilités est un lieu connu. Ce sont des délinquants qui y font régner la terreur. Ce n’est pas une affaire de communautés.»

Samedi 24 juin, veille de l’Aïd, vers 22h30, Bislam Dadaev a été passé à tabac par une dizaine de jeunes à Hautepierre alors qu’il venait de déposer un ami et rentrait chez lui. Il s’était plaint à un groupe de jeunes que leurs véhicules stationnés dans la rue lui barraient le passage. Le père de famille est resté inconscient au sol plusieurs dizaines de minutes sans assistance. C’est un adolescent tchétchène qui l’a découvert et a appelé les secours.

Enquête en cours

Entre 10 000 et 15 000 réfugiés tchétchènes vivraient à Strasbourg, l’une des plus fortes communautés en France. Ils ont fui la guerre en Tchétchénie jusqu’au milieu des années 2000 et continuent de redouter les persécutions du régime prorusse en place. En septembre 2011, les représailles à l’agression de Tchétchènes à Mulhouse avaient conduit à une guérilla urbaine impliquant 150 personnes. Environ une quarantaine de Tchétchènes et une centaine de jeunes du quartier de Bourtzwiller s’étaient affrontés près de la mosquée, à coups de pierres et de cocktails Molotov

A Strasbourg, la nouvelle de l’agression a eu l’effet d’une bombe dans la communauté tchétchène en cette dernière nuit du ramadan. Alors que nombre de ces russophones se sont rendus à l’hôpital, d’autres, sous le coup de la colère, des jeunes, ont débarqué à Hautepierre dès 2 heures du matin et s’en sont pris à tous ceux qu’ils ont trouvés sur leur passage. Des témoins rapportent que certaines victimes ont été blessées par des coups de marteau à la tête ou de tournevis dans les cuisses. L’expédition punitive a aussitôt été relayée sur les réseaux sociaux. Des voix y ont appelé à la surenchère entre Africains et Maghrébins d’un côté, Tchétchènes et Turcs de l’autre.

«Dès ma sortie de l’hôpital, le dimanche, j’ai rencontré les jeunes et leur ai dit qu’il fallait faire confiance à la justice et ne pas se faire justice eux-mêmes», raconte le professeur de la mosquée russophone. Les responsables de l’association ont informé la police des rendez-vous pris entre les deux camps pour en découdre, afin d’éviter des rassemblements. Mais provocations et agressions ont continué de part et d’autre, attisées par les rumeurs de décès des blessés.

Après un violent affrontement le mercredi, la mosquée de Hautepierre a mis fin aux tensions en invitant l’association tchétchène, établie dans le quartier voisin. Elle a réuni dès le jeudi imams, éducateurs et jeunes influents des deux partis autour d’une même table. Une initiative suivie d’effet : le lendemain, des foules inhabituelles de jeunes sont venues écouter les prêches du vendredi dans les deux mosquées. Les imams ont condamné tout autant l’agression du professeur que la descente punitive, et exhorté les jeunes à la retenue et à s’en remettre à la justice. Une enquête judiciaire est en cours. Au moins trois personnes ont déjà été interpellées, dont une toujours en détention.

Le Parisien via Notre Quotidien


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