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Des travaux universitaires montrent comment l’immigration détruit la confiance et l’amitié civile

Selon des travaux universitaires aux États-Unis et en Grande-Bretagne, une immigration incontrôlée entraîne, dans le pays qui la subit, un sentiment de défiance généralisé, argumente l’ancien haut fonctionnaire et essayiste.

(…) Robert Putnam, professeur de politique publique à Harvard, l’a montré dans ses livres, en particulier Bowling Alone (2000) et Better Together (2003) : la confiance n’est pas un produit individualiste mais un actif social qui est construit par les individus collectivement dans le cadre de communautés. Autrement dit, la confiance est produite en réseau et d’autant plus facilement que les personnes se connaissent bien.

Lorsqu’un pays est confronté à des chocs migratoires répétés et que l’équilibre ethnique de la population est constamment bouleversé, l’intégration des nouveaux arrivants dans les communautés existantes se fait mal, ne se fait pas ou se fait trop tardivement. Les immigrés sont alors conduits à former leurs propres communautés. C’est alors que se manifeste souvent le communautarisme. Celui-ci conduit à la concurrence entre les communautés: le réseau peut alors éclater et la défiance s’installe. La défiance agit comme un dissolvant qui fragilise les équilibres d’une nation et réduit l’amitié civile, condition du bien-vivre. (…)

 Dans son ouvrage déjà cité, George Borjas, pour sa part, au terme de sa recherche, estime que, en Floride, la vague d’immigration initiée (effet Mariel en 1980, du nom du port cubain d’embarquement) aurait entraîné une hausse de la délinquance de 27 % et une baisse du niveau scolaire de 18 % dans cet État. Quoi qu’il en soit, il est clair que la confiance, en Floride, a été minée par une immigration incontrôlée.

Lorsque, dans une société, le capital de confiance baisse, voire s’effondre, les conséquences peuvent être dramatiques et de longue portée. Contribuer, dans l’espace national, à un niveau élevé de confiance et d’amitié civile est donc un objectif primordial d’une politique d’immigration. En France, aujourd’hui, le capital de confiance (social, politique, institutionnel, économique) est-il tel qu’il permette d’accueillir et d’intégrer de nouvelles populations étrangères? Poser la question, c’est y répondre: il convient préalablement de «soigner la confiance» (…)

Mais le plus pédagogue sur ce point est le professeur d’éthique Christopher Heath Wellman, qui enseigne à l’université Washington de Saint-Louis (Missouri), grâce à sa «théorie du club». Selon lui, une nation est comparable à un club. Les membres d’un club sont sujets à certaines obligations, respectent des usages, entretiennent au minimum des rapports de courtoisie, payent une cotisation. Et, pour devenir membre de ce club – songez à un club sportif ou même à l’Union européenne, qui est un club à sa façon -, il faut toujours l’accord des membres en place. On ne devient pas membre d’un club simplement parce qu’on le désire et encore moins par effraction. C’est la même chose pour une nation: il faut y être invité, satisfaire les conditions d’admission, respecter les usages en vigueur, payer une cotisation et parfois un droit d’entrée. Bref, un État est pleinement en droit, sur le plan moral, d’accueillir sous certaines conditions ou de ne pas accueillir des étrangers. Le discours ambiant avait fini par occulter ce point essentiel.

Pour être efficaces en matière d’immigration, les hommes politiques doivent donc se donner les moyens de convaincre leurs concitoyens de la légitimité éthique de leur action. La réforme de la politique migratoire est aussi, pour reprendre les mots de Renan, «une réforme intellectuelle et morale».

Source : Le Figaro


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